Savoie et Haute Savoie – Que d’énergie !


Savoie et Haute Savoie – Que d’énergie !

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Article N°28838

Savoie et Haute Savoie – Que d’énergie !

Il est une énergie qui fait peu parler d’elle mais représente la première source d’électricité renouvelable produite en France et la quasi-totalité de celle produite en Savoie et Haute Savoie : l’énergie hydroélectrique. Éclairage sur cette énergie discrète mais indispensable.
 

Les deux Savoie abritent bien des trésors, des paysages à couper le souffle, un patrimoine culturel riche et varié, une gastronomie savoureuse qui affole nos papilles mais savez-vous que notre belle région est aussi dans le peloton de tête de la production d’énergie électrique renouvelable ?

Point de champs d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques à perte de vue mais nos deux départements sont en bonne place dans la production d’énergie hydroélectrique, la deuxième source d’énergie produite en France après le nucléaire et la première source d’énergie renouvelable.

Avec 2300 installations hydroélectriques en France pour une puissance installée de 26.2 GWatt (source Ministère) la France dispose d’un parc qui la place en 3ème place des pays européens derrière la Norvège et la Suède. L'énergie hydroélectrique représente selon les conditions hydrologiques jusqu’à 17% du mix énergétique de la production française.

En Haute-Savoie 90.3% de l’énergie électrique produite est hydroélectrique et ce chiffre atteint 97.5% en Savoie (source Agence Ore). Il faut dire que nous avons de nombreux barrages qui font désormais partie des paysages savoyards et que connaissent bien les randonneurs, comme le lac de Roselend ou le barrage de Tignes en Savoie.


L’énergie hydroélectrique est pilotable, c’est à dire qu’elle peut être produite en fonction de la demande, par opposition aux énergies non-pilotables (photovoltaïque, éolienne) qui peuvent générer lors des pics de production, un excédent d’électricité qui doit alors être exporté ou réduit afin de préserver l’équilibre du réseau.

Pour produire de l’électricité à partir de l’eau, le principe est simple: il faut de l’eau, que ce soit un cours d’eau ou une retenue d’eau. Cette eau est acheminée vers une centrale qui produit l’électricité grâce à une turbine. Pour faire tourner la turbine il faut que l’eau arrive avec l’énergie la plus importante possible. Pour cela deux paramètres sont importants : le débit d’eau et le dénivelé. Ce principe est décliné en plusieurs techniques :

  • Lacs de barrage : Situés en haute montagne, ils constituent des réservoirs qui se remplissent à chaque saison à partir d’eau de fonte des neiges, de torrents. Ici on tire parti du fort dénivelé - l’eau chute de plus de 300 m – qui permet de générer rapidement beaucoup de puissance électrique. Ces ouvrages sont pilotables et précieux en cas de pic de consommation électrique. On en compte une centaine en France.

  • Centrales d’éclusées : Avec un dénivelé de 30 à 300 mètres elles se rencontrent essentiellement en moyenne montagne. Elles sont constituées de retenues d'eau correspondant à 2 à 400 heures de débit qui leur permet d’assurer une fonction de modulation en cas de pics de consommation journaliers voire hebdomadaires.

  • Installations au fil de l’eau : ici le dénivelé est faible (moins de 30 mètres), c’est le débit qui importe. Pour construire ce type de structure, on créé généralement un canal dérivé, sur lequel sera située l'usine hydroélectrique. Un barrage, dit de retenue, construit sur le lit naturel du fleuve, oblige l'essentiel du courant à passer par le canal dérivé. L’énergie est générée et utilisée localement. On compte 2000 installations de ce type en France, majoritairement de petites centrales, même si certaines comme celles installées sur le Rhône ou le Rhin sont de forte puissance.

  • Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) : dotées de deux réservoirs, un en hauteur, un en contrebas, elles permettent en cas de forte demande électrique de générer de l’électricité en faisant chuter l’eau depuis le réservoir haut. Cette eau sera ensuite remontée par pompage lorsque la demande en électricité sera plus faible. Il n’est donc pas question ici de production d’énergie renouvelable mais de régulation. Il existe 11 structures de ce type en France.

Si l’on s’intéresse aux dates de mise en chantier de ces structures, force est de constater que beaucoup de ces d’ouvrages datent des années 60, voire d’avant-guerre. Si des améliorations ou réaménagements du parc existant sont réalisées, peu de nouvelles installations significatives ont vu le jour après 1980. Pourtant, le syndicat national estime que 45 à 60% d’électricité supplémentaire pourrait être produite en développant de nouvelles installations (source Syndicat).

Alors pourquoi ne pas lancer un de ces grands chantiers qui ont permis à la France de construire décennie après décennie, barrage après barrage, une partie de notre indépendance énergétique ? Chacun a sans doute ses convictions en la matière. La question est peut-être pourrions-nous construire aujourd’hui ce que les générations précédentes nous ont légué et dont nous bénéficions actuellement ? A voir le parcours du combattant qu’est devenue ne serait-ce que la construction d’une Petite Centrale hydraulique (PCH, inférieure à 10MW) comme celle de Sallanches (lien), petite par la taille, géante par les entraves à sa mise en route, on peut en douter. Au-delà des arguments qui peuvent être avancés des deux côtés il semble que la seule énergie inépuisable soit celle de s’opposer sans cesse au lieu de dialoguer et de trouver des solutions ensemble.

Nous sommes riches d’un double héritage, d’une part cette eau que la nature nous met généreusement à disposition et d’autre part les ouvrages que les générations précédentes ont réalisés pour en tirer profit. Nous avons la lourde charge de conserver les deux : Préserver cette ressource précieuse qu’est l’eau sans laquelle l’agriculture et l’industrie s’arrêtent, sans laquelle la vie s’éteint, et préserver et améliorer ces ouvrages, témoignage d’un savoir-faire que nous devons maîtriser, améliorer et transmettre. 
Ces deux objectifs ne sont pas incompatibles, d’autant que nous avons du recul sur l’effet de ces ouvrages sur l’environnement. Les cahiers des charges incluent désormais des contraintes liées à la préservation de la biodiversité. Des actions de réhabilitation écologiques sont entreprises autour de barrages pour restaurer les écosystèmes et minimiser les impacts négatifs de ces infrastructures sur l'environnement. On peut concilier les impératifs de production d'hydroélectricité avec la préservation des milieux naturels. 
L’énergie hydroélectrique est la grande oubliée des politiques d’investissement dans le renouvelable qui a pour objectif d’investir massivement dans les énergies non-pilotables d’ici à 2035 selon la dernière PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie). Elle est pourtant une clé essentielle de notre souveraineté énergétique.


Image Savoie Aussois Barrage de Plan d’Amont Copyright Nathalie Roc Mawet


Nathalie ROC MAWET

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