La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale affectant principalement les bovins. Elle est causée par un virus de la famille des Poxviridae, genre Capripoxvirus, similaire aux virus de la variole ovine (clavelée) et de la variole caprine. Le virus est transmis principalement par des insectes piqueurs hématophages (qui se nourrissent de sang) comme les mouches, les taons, les moustiques.
Depuis fin juin la Savoie a vu arriver cet invité indésirable.
Le premier foyer a été identifié à Entrelacs le 29 juin dernier. Au 28 juillet, 47 foyers étaient répertoriés en Savoie et Haute Savoie (Lien Point et FAQ Ministère de l'Agriculture, Lien Services de l’état en Savoie).
La dermatose nodulaire contagieuse se déclare jusqu’à 5 semaines après la contamination, par exemple par une piqûre de stomoxe (mouche piquante) contaminée. Elle est caractérisée par de la fièvre, des nodules sur la peau, les muqueuses et les organes internes, des ganglions lymphatiques hypertrophiés et peut aller jusqu’à la mort.
Elle est diagnostiquée par un examen clinique, confirmée par un test PCR qui détecte le virus de façon fiable même dans la phase précoce. Le virus est particulièrement tenace, résistant dans le milieu extérieur, excepté s’il est exposé aux UV. Il est aussi très rémanent dans les lésions cutanées des animaux convalescents, où il peut être détecté jusqu’à 92 jours.
La mortalité est faible, les sources mentionnent 2-5%, dans tous les cas moins de 10% mais la morbidité (nombre d’animaux affectés par la maladie) peut aller jusqu’à 80%. De fait cette maladie a un fort impact économique car elle peut entraîner une réduction temporaire de la production laitière, une stérilité temporaire ou permanente, des dommages irréversibles aux peaux, sans parler de la perte d’une partie du troupeau.
Fort heureusement la maladie ne se transmet pas à d’autres animaux, ni aux humains et ce, quel que soit le mode de transmission, insectes piqueurs, contact direct ou produits dérivés comme le lait le fromage.
C’est normal. Originaire d’Afrique sub-saharienne le virus a diffusé vers le Maghreb, l’Asie et la péninsule arabique puis est remonté vers la Turquie en 2013. Les premiers cas en Europe apparaissent en 2015 en Grèce, puis le virus atteint d’autres pays des Balkans. L’Italie est touchée épisodiquement depuis 2019. Cet été, des foyers ont été déclarés le 23 juin 2025 en Sardaigne et en Lombardie.
La menace est prise très au sérieux car la DNC est inscrite sur la liste des maladies de catégorie A (maladie à éradication obligatoire) de la Loi Santé Animale européenne. Il s’agit donc d’endiguer la propagation de cette maladie très contagieuse et de l’éradiquer complètement grâce à 3 types de mesures :
Abattage des troupeaux appartenant au foyer d’infection, nettoyage, désinfection, désinsectisation complète du site.
Mise en place d’une zone de protection renforcée de 20 km autour des foyers détectés et mise sous surveillance des troupeaux dans une zone de 50 km qui sera maintenue au moins 45 jours.
Vaccination des troupeaux à titre préventif dans la zone des 50 km autour de foyers identifiés.
Car il existe un vaccin classique, basé sur des souches de virus atténué contre ce virus somme toute classique.
Commercialisé dans d’autres régions du monde par plusieurs fabricants internationaux comme MSD ou nationaux, il ne dispose pas encore d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’UE mais la Commission européenne peut autoriser les États membres à utiliser un vaccin étranger sous Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU). Ainsi la campagne de vaccination a commencé le week-end du 19 juillet.
Nous sommes en gestion de crise et tout semble indiquer que les procédures se mettent en place rapidement pour tenter d’endiguer la propagation de la maladie. On peut néanmoins s’interroger sur la raison pour laquelle nous n’avons pas anticipé cette menace alors que nos voisins immédiats sont confrontés au problème depuis des années et que l’on sait que le vaccin est un moyen efficace pour endiguer ce virus comme ce fut le cas dans les Balkans en 2015-2016.
Nos éleveurs sont en première ligne. Ceux dont les troupeaux ont été abattus ont vu partir en fumée en quelques jours leurs bêtes, des années de travail, d'investissements. Et même si des compensations financières sont prévues, tout est à reconstruire. Ceux qui ont pu vacciner leurs troupeaux croisent les doigts car l’immunité met 21 jours à se développer alors que la maladie peut incuber jusqu’à 5 semaines. Si les animaux qui ont reçu le vaccin étaient déjà contaminés, ils ne seront pas protégés. L'épée de Damoclès est suspendue au-dessus de leur tête. Il faut attendre.
Alors attendons avec eux et soutenons-les pour les aider à passer cette épreuve. Continuons à acheter leurs produits et à leur témoigner notre solidarité et notre reconnaissance pour leur travail et pour ces bons produits que nous aimons tant.
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