Nombre de nos commerçants, artisans, agriculteurs, entreprises ont une page Facebook. Ils déploient du temps, de l’énergie, et une impressionnante créativité pour promouvoir leur activité, que ce soient des produits, services ou créations artistiques.
Ils développent une communauté d’abonnés qui voient leurs posts et interagissent avec eux par le biais de likes ou de commentaires.
Il faut reconnaitre que c’est excitant de voir augmenter le nombre de ses abonnés, les likes affluer et d’interagir avec la communauté. Stimulé par les statistiques fournies par Facebook on peut voir quel type de post génère le plus de visites, ajuster sa communication, déployer des trésors d’imagination pour améliorer toujours plus les statistiques. Rapidement le sentiment se transforme en addiction : on guette les likes, on est à l’affût des commentaires, puis vient l’anxiété si les chiffres baissent en dépit des efforts déployés ou si des commentaires désagréables sont postés.
Un utilisateur heureux
Des utilisateurs satisfaits existent, nous en avons rencontré : exemple d’une ferme qui vend ses produits sur place et sur les marchés, conquise par le modèle Facebook : J’ai une communauté importante, je n’aurais jamais cru atteindre 2000 abonnés et j’ai entre 10 et 30 likes par post !
►Impressionnant, mais s’ils sont à plus de 20 km de chez vous vous ne devez pas les voir souvent non ?Si, il y en a qui viennent à nos évènements à la ferme.
►Je ne parle pas de ceux que vous connaissiez déjà que vous avez incités à vous suivre sur Facebook, mais des nouveaux clients. Vous en avez régulièrement ?Sans doute mais je ne pourrais pas donner de chiffres. En tout cas Facebook c’est gratuit.
►Gratuit ? Vous savez ce qu’est le retargeting ou publicité ciblée?
►Il s’agit d’une technique publicitaire (information CNIL) dans laquelle les informations collectées sur un utilisateur permettent d’identifier un produit ou service pour lequel il a exprimé un intérêt, par exemple en aimant un post de la ferme sur la recette de crozets au Beaufort. Des publicités lui sont alors proposées afin de l’inciter à finaliser sa démarche d’achat, par exemple en diffusant une publicité l’incitant à profiter d’une promotion au rayon fromagerie d’un hypermarché ou à la coopérative locale. En d’autres termes les données des clients et prospects de la ferme sont vendues à ses concurrents qui bénéficieront de tout son travail, son énergie et sa créativité.
Offrir vos clients et prospects à vos concurrents, ça fait cher le service gratuit non ?
Pour ceux d’entre vous qui pensent que cette technique est marginale, sachez qu’elle représente 30 à 40% des 130 milliards de chiffre d’affaire de Facebook, soit environ $45 milliards. Facebook vous en remercie et s’assure que vous soyez captifs de sa plateforme. Et les techniques ne manquent pas pour cela.
Tout d’abord, il faut savoir que Facebook utilise un algorithme qui détermine combien de personnes verront une publication de votre page professionnelle sans publicité. C’est la portée organique.
L’algorithme réduit volontairement cette portée sauf si votre publication génère de l’engagement rapidement dans les premières minutes (likes, commentaires, partages) ou si vous payez pour la promouvoir via une publicité.
Scénario 1 — Pas d'engagement, pas de pub : Facebook juge que votre publication n’est pas intéressante et ne la montre par ex. qu’à 50 personnes sur les 2 000 abonnés (2,5 % de portée organique). La portée est limitée même auprès de vos abonnés, la visibilité quasi nulle.
Scénario 2 — Vous payez la pub : Facebook montre maintenant votre publication à 1 500 ou 2 000 personnes, y compris des personnes non abonnées à votre page.
Scénario 3 — Fort engagement rapide, sans pub : Facebook détecte un bon signal et élargit la diffusion. Il montre le post à 300 ou 500 abonnés au lieu de 50.
En résumé, sans engagement ou sans payer, vos publications sont quasiment invisibles, même pour vos propres abonnés. C’est l’un des piliers de la stratégie de monétisation de Facebook.
Pour les professionnels qui ne peuvent dépenser du budget publicitaire, la solution consiste à tenter de créer des contenus engageants et à rester suspendus aux réactions de la communauté, aux statistiques fournies par la plateforme et aux notifications en tout genre.
Dans le meilleur des cas, grâce à des publications de qualité ils seront satisfaits de voir des abonnés et des likes, sans nécessairement parvenir à faire le lien avec les résultats commerciaux.
Lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous certains se découragent mais que faire pour avoir l’impression de faire quelque chose ?
Des équivalents non, hormis les Instagram (encore Meta), Tiktok, et autres réseaux sociaux qui utilisent des techniques similaires.
Des alternatives oui, mais pour cela il faut reconnaître que les réseaux traditionnels nous exploitent sous couvert d’être gratuits, nous rendent dépendants et multiplient les entraves pour nous empêcher de les quitter.
Il faut réaliser que la communauté que l’on touche sur Meta & autres est finalement limitée, facilement épuisée et rarement locale. Ce n’est pas elle qui sauvera nos commerçants, entreprises, agriculteurs locaux ou revitalisera nos centres-villes sinistrés.
Si vous lisez cet article c’est que vous avez dû voir ce message s’afficher :
Y avez-vous prêté attention ou avez-vous comme nous le faisons bien souvent, cliqué machinalement ?
Regardez bien, c’est l’opposé de Facebook et autres réseaux sociaux traditionnels.
Vous êtes sur une plateforme numérique/réseau social média qui ne vous demande pas de vous inscrire pour accéder au contenu, qui refuse d’exploiter vos données ou les données de navigation de vos visiteurs ou clients si vous avez un blog ou une e-boutique, qui ne s’approprie pas vos photos et contenus, un nouveau modèle pour qui la communauté n’est pas en Allemagne ou en Belgique, mais à deux pas de chez vous. Les seuls dons que vous pourrez faire, le seront de votre propre gré.
Alors, toujours d’accord pour faire don de votre travail, de votre créativité à Facebook ?