Nous avons rencontré la Société d’Art et d’Histoire d’Aix les Bains (SAHA), une association fondée en 1993 par son actuel président et directeur des archives de la ville, Joël Lagrange qui nous a reçus avec son secrétaire adjoint, Philippe Gras.

La SAHA n’est pas une association comme les autres, c’est une société savante qui de fait remplit tous les critères qui lui permettent de prétendre à ce qualificatif, à savoir réunir des experts autour d’un domaine scientifique ou technique, favoriser la diffusion et l’avancement des connaissances par des publications, conférences et activités de recherche, et agir comme référence reconnue auprès des institutions académiques et professionnelles.

La SAHA se consacre à l’étude, à la préservation et à la diffusion de l’histoire, du patrimoine et de l’art liés à Aix-les-Bains et sa région. Elle œuvre pour enrichir ces connaissances en stimulant la recherche historique sur Aix les Bains. Société savante ne veut pas dire inaccessible. Comme beaucoup d’associations la SAHA est à la recherche d’adhérents actifs : «Tout le monde est bienvenu, la SAHA n’est pas réservée à une élite intellectuelle».

La SAHA organise des conférences généralement en accès libre ainsi que des sorties culturelles dans des musées, châteaux, lieux chargés d’art ou d’histoire. C’est Philippe Gras qui est chargé du programme des conférences (lien vers le programme), une mission qui impose de se renouveler, parfois en sortant du cadre comme ce fut le cas lors des deux dernières conférences, dédiées à l’histoire de l’hôtellerie suisse (Septembre) et de Nice et de la Côte d’Azur (octobre). Cette dernière a attiré 115 personnes, la preuve de l’intérêt du public. Pour ma part j’ai marqué le mardi 4 novembre prochain dans mon agenda pour la conférence Les Services Secrets Britanniques et la résistance en Savoie.

La Société d’Art et d’Histoire d’Aix les Bains publie une revue « Arts et Mémoire », composée d’articles variés et illustrés évoquant le passé proche ou lointain et le patrimoine de la région, des numéros thématiques, des catalogues d’expositions. Cette revue est l’une des fiertés de Joël Lagrange : « On pourrait presque écrire l’histoire d’Aix les Bains en mettant bout à bout les articles de nos revues ». Et si les revues se vendent bien et permettent à la SAHA d’être en partie autofinancée, c’est non seulement grâce aux bénévoles, au réseau de libraires et aux ventes en ligne mais avant tout grâce à leur excellente qualité. (Lien vers les revues).

À ce titre, l’avant-dernier numéro (n°117), consacré à Aix-les-Bains à l’époque romaine, est tout simplement remarquable. Il met en lumière le projet AQVAE, lancé en 2024, qui a eu pour objectif d’explorer cinq siècles de fouilles archéologiques à Aix Les Bains, de reprendre l’étude des vestiges, et de publier la synthèse. Porté par la Conservation départementale du patrimoine de la Savoie, ce projet a mobilisé des étudiants en master, avec le soutien de la SAHA, qui a contribué à son financement et de nombreux acteurs locaux. Près de 200 personnes ont assisté à une dizaine de conférences courtes dédiées à cette initiative passionnante. Après cela, vous ne verrez plus la place Maurice Mollard du même œil !

Tout n’a pas été écrit sur l’histoire, on peut trouver de nouveaux éclairages, des histoires oubliées, il y a toujours des trésors à exhumer, en fouillant les archives, en documentant ses recherches. C’est ce que font les étudiants en archéologie, comme les étudiants du programme AQVAE, et d’autres plus rares qui entreprennent des recherches sur le patrimoine historique et culturel. L’enseignement de l’histoire et les débouchés de cette filière sont hélas peu valorisés. Ce sont parfois des professeurs passionnés qui prennent sur leur temps libre pour donner à leurs élèves le goût de l’effort, de l’investigation et de l’analyse pour éclairer ces aspects de notre patrimoine.
A ceux qui pensent que l’histoire consiste à regarder dans le passé au lieu d’aller de l’avant rappelons que l’arbre puise ses ressources dans ses racines, et c’est ce qui lui permet de tutoyer le ciel. A l’instar de ces arbres, nos racines nous nourrissent et nous permettent d’aller de l’avant. Au cours de ses 30 ans d’existence la SAHA a contribué à la labellisation d’Aix les Bains comme Ville d’Art et d’Histoire en 2014, un label prestigieux qui valorise l’image de la ville, augmente son attrait touristique et ouvre droit à des financements… Voilà pour les matérialistes.